Des outils utilisés pour une pédagogie active
L’équipe éducative met en place plusieurs dispositifs qui :
- donnent la parole aux enfants
- développent leur autonomie
- régulent la vie de groupe
- ouvrent l’école sur l’extérieur
- développent la curiosité
- donnent du sens aux apprentissages
- assurent une continuité de la maternelle au CM2
Toutes les institutions sont régies par des lois de fonctionnement qui permettent d’assurer le bon déroulement en toute confiance. Parmi ces dispositifs, on peut citer :
1 – « Le Canton » [le cantou]
lieu du regroupement matérialisé où les enfants se réunissent en début de journée, pour s’exprimer librement sur le sujet de leur choix, dans le cadre d’institutions pédagogiques qui sont des moments rituels du temps scolaire
« Lo Cossí vas ? » / Comment vas-tu ?
C’est une institution qui permet à tous, et surtout aux maternelles, d’amorcer la communication et d’introduire parfois le « Qué de noù ? » Son objectif consiste à faire parler les enfants en occitan de leur ressenti concernant leur matinée, début de journée. Elle se déroule également au Canton.
Chacun son tour, l’enfant répond à la question « Cossí vas ? » Comment vas- tu ?
L’enfant répond : « Vau plan » je vais bien ou « Vau pas plan » je ne vais pas bien.
Petit à petit, l’enfant devra être capable d’expliquer son choix :
« Vau plan per de que… » Je vais bien parce que…
« Vau pas plan per de que… » Je ne vais pas bien parce que…
« Lo Que de noù ?» / Quoi de neuf ?
C’est l’une des institutions pédagogiques pratiquées de la Petite Section au CM2.
Son objectif est de faire parler l’enfant à propos de sa fin de semaine (samedi et dimanche) ou à propos d’un évènement important pour lui. C’est un entrainement à la parole et à l’écoute de l’autre. Cela peut être à la fois une parole pour se libérer d’un trop plein ou tout simplement une parole à propos du vécu des enfants. Ce n’est pas un monologue, il y a des interactions entre les participants.
C’est un moment-clé qui se déroule au « Canton », espace où sont disposés des bancs afin de favoriser les échanges.
Les enfants qui veulent prendre la parole doivent s’inscrire sur un livret qui instaure l’ordre de passage. La présidence est tenue par un enfant assisté d’un adulte. Le livret sert également à rendre compte de ce qui se dit lors de chacune des séances du « Qué de Noù ? ».
Chacun son tour, l’enfant prend la parole et raconte son histoire.
Les autres doivent être attentifs afin de poser des questions.
C’est généralement la 1ière institution mise en place dès la Petite Section. Il a lieu une fois par semaine et fait le lien entre l’école et la maison.
C’est un temps privilégié d’expression et d’échanges à partir du vécu et de l’imaginaire des enfants et c’est là que les enfants commencent à parler occitan à l’aide de phrases rituelles.
C’est donc un moment nécessaire pour que se crée une conscience de groupe. Il permet peu à peu de se situer dans et par rapport au groupe (acquisition des notions de distance, de choix, d’effort sur soi-même, de don aux autres…) Il est aussi pour la maîtresse (« la regenta ») un apprentissage constant : mieux connaître et aider les enfants. C’est enfin un témoin de la vie et de l’évolution du groupe.
« Lo bilanç metèo » / le bilan météo
Cette institution consiste à faire parler l’enfant sur le vécu de la journée, à l’aide de symboles. Elle se déroule au Canton, en fin de journée.
Elle est loin d’être insignifiante puisqu’elle prépare le Conseil. A l’aide de symboles, l’enfant essaie de dire comment s’est écoulée sa journée en utilisant l’un des trois symboles suivants :
– lo solelh/ le soleil > la journée s’est bien déroulée
– la nívol / le nuage > la journée est mitigée, quelque chose a agaçé, inquiété, blessé l’enfant
– l’auratge / l’orage > la journée ne s’est pas bien déroulée.
Ces symboles sont mimés avec la main :
Lo solelh > main ouverte
La nívol > main mi-entrouverte, mi-fermée
L’auratge > poing fermé
Peu à peu, l’enfant apprend à expliquer son choix surtout lorsque la journée s’est mal déroulée.
« Lo Conselh » / le Conseil
C’est l’institution la plus importante de la vie de classe, à partir de la maternelle au CM2. Elle est un moyen de vivre l’éducation civique au sein du quotidien scolaire des enfants.
Cette institution est menée par un président (celui qui a la ceinture de comportement la plus élevée voir p.23) dont le rôle est d’organiser les discussions, de donner la parole, de savoir faire un résumé de ce qui s’y est dit pour en tirer les conclusions et prendre des décisions. Il est aidé par un secrétaire dont le rôle est de prendre des notes dans le cahier du Conseil, d’écrire les lois et les décisions prises.
Le Conseil s’organise de cette façon :
Avant chaque ouverture de séance, il faut récapituler les lois du Conseil :
– je ne coupe pas la parole
– j’écoute celui/celle qui parle
– je ne me moque de personne
– tout ce qui est abordé au Conseil reste confidentiel sauf si le Conseil en décide autrement.
Il est divisé en rubriques où chaque enfant peut s’inscrire :
– les demandes – les critiques
– les questions – les félicitations
– les informations – les remerciements.
– les remarques
A tout moment, quand il y a besoin, le cahier du Conseil peut être récapitulé, afin d’aider les enfants à se remémorer les décisions et lois établies.
Les évènements, le travail fait en classe, ont été vécus par tous mais pas obligatoirement de la même façon.Tout a besoin d’être repris sur le plan verbal, intellectuel, symbolique, et au besoin remanié. Le rôle essentiel est d’être acteur au sein de l’école : savoir prendre des responsabilités, trouver des solutions pour vivre mieux ensemble, poser des questions aux adultes dans un cadre sécurisant et respectueux. C’est le début de l’apprentissage de la « démocratie ».
2 – « Los mestiers » / les métiers
En début d’année, les enfants se sont regroupés pour décider des métiers qui pourraient exister en classe.Ils ont fait une liste puis après discussion, chaque enfant en a choisi un, au sein du conseil.
Il s’agit de mettre en valeur la prise en charge par les enfants de tâches collectives.
Ainsi seront-ils :
– responsable des étiquettes,
– responsable de la préparation des goûters
– bibliothécaire « lo bibliotecari », responsable du rangement et du prêt des livres
– distributeur de gobelets (déjeuner et goûter)
– peintre – nettoyeur du matériel peinture
– effacer le tableau
– aide pour vider la poubelle
– sonneur « lo sonaire » qui appelle les autres pour rentrer en classe
– musicien « musicaire » mettre la musique le matin
« ajudaire d’espòrt » du sport ; aprestar lo quasèrn de conselh
– le facteur « l’estafeta » …, etc.
Les métiers permettent de responsabiliser l’enfant, de le faire participer à la vie de classe et donc de le valoriser. Ils sont effectués lors de moments précis dans la journée, dans la semaine. Il s’agit aussi d’apprendre à l’enfant à être capable de garder une responsabilité sur le long terme. Pour chaque niveau, les métiers sont crées selon les compétences des enfants.
– le conseil, œil du groupe :
Tous dans la classe peuvent voir et savoir. Ces informations mises en commun permettent de voir ce qui se passe.
– le conseil, cerveau du groupe :
Instrument d’analyse et de critique, d’élaboration collective de la loi et des règles de vie. Instrument de décision, il est aussi une mémoire collective.
– le conseil, rein du groupe :
Une réunion d épuration de ce qui encombre, obstrue ou annule la vie collective et la production. Le conseil draine les énergies bloquées dans les tensions, conflits et inhibitions, les récupère et les réoriente.
– le conseil, cœur du groupe :
Lieu de recours où l’on parle au nom de la loi et qui permet la cicatrisation des blessures ou frustrations subies au cours de la semaine. Lieu de reconnaissance des progrès, des efforts, des réussites, donc lieu de re-dynamisation du groupe.
3 – « Los talhièrs » / les ateliers
Le système d’ateliers permet à l’enfant d’avoir des relations de groupe avec un ou deux enfants et de s’y situer, de choisir réellement selon ses désirs, ses goûts, entre diverses activités. Plusieurs types d’ateliers peuvent être proposés comme celui de la peinture, du théâtre, du chant, de la cuisine, modelage, collage entre autres…
4 – « las cintas » / les ceintures
L’évaluation à Calandreta ne passe pas par les notes mais par l’autoévaluation (dite évaluation positive) réalisée par les enfants eux-mêmes: c’est le système des ceintures qui valorise la réussite sans stigmatiser l’échec. Ces ceintures sont progressivement mises en place au cours des différentes classes, à partir du cycle 2 (GS). La première est généralement celle de l’autonomie .Celle du comportement est également importante. D’autres ceintures existent en mathématique, écriture, lecture, orthographe…
Chez les petits, les progrès sont affichés à travers « lo tablèu de las capitadas e dels progreses ».
5 – « la descobèrta » / la découverte
La découverte se fait en maternelle : l’enfant qui veut amener un objet quel qu’il soit (livre, jouet, outil, document audio / visuel) le présente au groupe. Dans un second temps, les enfants dessinent les objets présentés.
6 – « Lo jornal » / le journal
Créé par les enfants, il est diffusé une fois par trimestre et permet de communiquer leurs créations (textes, dessins, reportages…) et surtout de donner du sens à l’écrit.
7 – « la correspondéncia » / la correspondance
C’est un échange avec un autre groupe-classe ou une personne.
Elle se concrétise par de nombreux supports comme le dessin, les écrits, créations diverses, Internet voire des rencontres.
Elle permet de placer l’enfant dans une situation concrète de rencontre, de création et d’exploitation de l’écrit. Ex : album de classe.
8 – « la moneda » / la monnaie
La monnaie est un moyen de régulation de la classe. Elle permet à l’enfant de faire des expériences sociales et d’acquérir la maîtrise de cet « argent-pouvoir ». Elle coupe avec le principe de récompense. Elle est là pour valoriser un travail, un comportement. L’enseignante paye les métiers dont la rémunération est fixée lors du Conseil (dans notre école, elle porte le nom de « floretas »).
9 – « Lo mercat» / le marché
Lors de ce marché, les enfants peuvent vendre et acheter, avec la monnaie acquise, de petits objets fabriqués en classe ou provenant de la maison. Il donne du sens à la monnaie. Comme toute institution, celle-ci est soumise à des règles de fonctionnement.
Les engagements des parents
Etre parent à la Calandreta, c’est s’engager dans la vie de l’école mais aussi de respecter le travail de l’enseignant, formé à cette pédagogie institutionnelle.
Vous pouvez vous impliquer au niveau de l’école mais aussi au niveau de la classe de votre enfant.
La collaboration parents – enseignants peut se faire sous forme pédagogique par :
– l’intervention de parents dans la classe pour l’animation d’activités comme des ateliers ou projets ponctuels.
– la participation aux réunions d’information pédagogique à l’initiative de l’enseignant
– des rencontres à thèmes
– l’accompagnement lors des sorties.
A Calandreta, les méthodes et les outils pédagogiques sont parfois très différents de ce à quoi nous sommes habitués, dans l’enseignement traditionnel.
Vous serez « confrontés » à des notions nouvelles, à des modes de fonctionnement qui vous étonneront, à des pratiques que vous n’aurez jamais vues à l’école.
Le travail des enseignants s’appuie sur des travaux et des recherches très sérieux et qui ont « fait leurs preuves ».
En cas de difficulté, de doute ou tout simplement de besoin d’éclaircissement, ces derniers sont toujours disposés à vous rencontrer. La Directrice de l’école est également très disponible pour vous accompagner dans vos recherches d’informations.
Enfin, vous vous rendrez compte que les parents de l’école peuvent vous renseigner et vous parler de leur propre expérience.
Vous constaterez assez vite que les enfants intègrent rapidement les notions de confidentialité (un enfant qui raconte quelque chose de personnel au « canton » sait que son histoire ne sera pas racontée dehors), d’organisation propre (les règles de la classe s’appliquent à la classe, les règles de la maison s’appliquent à la maison), de respect (de l’autre, des règles de la classe, de l’environnement) et d’autonomie.